Celso Lagar et Hortense Bégué. Les anées catalanes (1915-1918)
Du 23 octobre 2021 au 6 mars 2022
Commissaire général: Mª Lluïsa Faxedas Brujats
Commissaire et recherche sur Hortense Bégué: María José González Madrid
Production: Museu d’Art de Girona
Le couple d’artistes formé par Celso Lagar (Ciudad Rodrigo, 1891 – Séville, 1966) et Hortense Bégué (Caubous, 1890 – Paris, 1957) arrive à Barcelone fin 1914 ou début 1915, en provenance de Paris pour fuir la Première Guerre mondiale. C’est ainsi que débute une période de trois ans pendant laquelle les artistes s’installent en Catalogne, bien qu’ils fassent également quelques séjours à Paris, à Madrid, à Bilbao et en Galice. Au cours de cette période, ils célèbrent plusieurs expositions, publient des dessins dans certaines des revues les plus importantes de l’époque et s’impliquent dans l’activité artistique catalane.
Celso Lagar, dont la première vocation artistique est la sculpture, naît en 1891 à Ciudad Rodrigo (Salamanque), où il commence son apprentissage. En 1907, il s’installe à Madrid pour travailler comme ébéniste et suivre des cours du soir à l’École des arts et métiers. Il y rencontre le sculpteur d’Olot, Miquel Blay, qui lui conseille d’aller se former à Paris. En 1911, il arrive dans la capitale française grâce à une bourse du Conseil municipal de sa ville natale ; il y organise sa première exposition individuelle en 1913, où il rencontre la sculptrice Hortense Bégué, qui deviendra dès lors sa compagne.
Hortense Bégué naît en 1890 à Caubous, dans les Hautes-Pyrénées; vers 1909, elle s’installe à Paris où elle suit une formation de sculptrice, choix minoritaire parmi les femmes artistes qui souhaitaient se professionnaliser. Si elle travaille d’abord sur la figure humaine, elle se spécialise rapidement dans les thèmes animaliers, pour lesquels elle sera reconnue tout au long de sa carrière.
1915
Barcelona
En février 1915, peu après leur arrivée en Catalogne, Lagar et Bégué célèbrent une exposition aux Galeries Dalmau de Barcelone, une salle connue pour son pari audacieux sur les langages artistiques d’avant-garde. Elle, qui expose peut-être pour la première fois, présente quatre sculptures représentant des figures féminines. Lui, qui a récemment abandonné la sculpture pour se consacrer à la peinture, fait ses débuts dans cette discipline en présentant soixante œuvres.
Le catalogue de l’exposition de 1915 publie un texte bref de Lagar dans lequel il définit le planisme, un mouvement artistique d’avant-garde qu’il promeut et dont il sera le seul praticien.
Gérone
Le 18 mars 1915, Lagar et Bégué arrivent à Gérone pour un séjour de six semaines grâce, sans doute, à la médiation de l’écrivain de Gérone Xavier Monsalvatje. Le but est de préparer une exposition à la Salle Athenea. Lagar peint à Gérone une série de peintures à l’huile et à l’aquarelle qui comptent parmi ses paysages les plus réussis. Bégué modèle au moins un buste en argile, qu’elle exhibe à Barcelone à la mi-mai 1915, lors d’une exposition conjointe avec Lagar à la Salle La Cantonada.
Paris
Entre 1915 et 1916, Lagar et Bégué séjournent à Paris. Lagar y organise au moins une exposition, et son amitié avec le peintre italien Amedeo Modigliani se renforce.
1916
Blanes – Barcelone
Durant l’été 1916, Lagar et Bégué passent par Gérone à leur retour de Paris et séjournent à Blanes, comme en témoignent plusieurs œuvres peintes à cette époque. Lagar publie également quelques dessins dans Revista Nova et, fin septembre, il inaugure une importante exposition individuelle aux Galeries Laietanes de Barcelone. Il y présente des paysages, dont ceux peints à Gérone, des natures mortes et des portraits de nature constructive, mais aussi une œuvre d’avant-garde, Essai de lumière pour planisme, appartenant au style planiste qu’il a lui-même créé. L’exposition est bien accueillie par la presse et le talent et la capacité d’innovation lui sont reconnus.
1917
Barcelone
En juin 1917, Lagar et Bégué retournent à Barcelone, où lui expose de nouveau aux Galeries Laietanes. À partir de ce moment, le couple fait la connaissance des artistes les plus représentatifs du contexte réduit de l’avant-garde catalane tels que les peintres uruguayens Rafael Barradas et Joaquín Torres-García, et probablement Joan Miró ; et les poètes et critiques d’art Joan Salvat-Papasseit, Josep M. Junoy et Vicenç Solé de Sojo. Au contact des ambiances les plus avant-gardistes de l’art catalan, Lagar fait un pas en avant pour consolider son mouvement et, lors de l’exposition célébrée aux Galeries Laietanes en avril 1918, la dernière en Catalogne, il y consacre une section spécifique
au planisme. Bégué participe également à cette exposition avec une sélection de dessins et de sculptures animalières, dont la petite sculpture en bronze Ours.
1918
Madrid – Bilbao
La plupart des œuvres de Lagar et Bégué présentées aux Galeries Laietanes sont reprises lors de l’exposition célébrée à l’Ateneo de Madrid en novembre 1918. En septembre 1918, Lagar expose à Bilbao et y retourne en avril 1919, pour celle qui sera sa dernière exposition en vie dans la péninsule ibérique. Il y peint Port de Bilbao, synthèse et point culminant de sa période la plus expérimentale.
Paris
Au milieu de l’année 1919, le couple retourne définitivement à Paris. Lagar abandonne le planisme pour se concentrer sur les paysages et l’univers des fêtes foraines, tandis que Bégué continue à travailler sur des figures animales. La trace des années catalanes s’estompe progressivement dans l’œuvre des deux artistes. Ils maintiennent toutefois une activité artistique constante jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, après laquelle leur santé décline. La mort d’Hortense en 1957 marque sans doute un tournant pour Celso, qui est admis peu après à l’hôpital psychiatrique Sainte-Anne, bien qu’en 1962 il rentre en Espagne avec sa famille. Il décède à Séville en 1966.
Catalogue de l’exposition
L’exposition se complète à l’édition d’un catalogue trilingue (catalan-espagnol-anglais), que compte avec la presentation de Carme Clusellas, directrice du Museu d’Art de Girona; et des articles de Mª Lluïsa Faxedas Brujats, professeur d’histoire de l’art contemporain à l’Université de Gérone et commissaire de l’exposition ; Mª José González Madrid, professeur Serra Húnter d’histoire de l’art contemporain à l’Université de Barcelone ; Iván García Langa, des archives Celso Lagar ; Eva Vázquez, historienne de l’art et journaliste culturelle ; Begoña Farré, chercheuse à l’Institut d’histoire de l’art, FCSH, Universidade Nova de Lisboa ; et Mª Isabel García García, professeur d’histoire de l’art à l’Universidad Complutense de Madrid.
Le catalogue comprend les œuvres exposées.
Disponible à la vente dans la boutique du Musée d’Art et également en ligne dans la librairie de la Generalitat de Catalunya.